
Agor@gri est un projet de R&D qui s’intéresse à l’utilisation des médias sociaux par des agriculteurs engagés dans l’agro-écologie ou qui souhaitent s’y lancer. Débuté en 2019 pour une durée de 3,5 ans, ce projet piloté par l’ACTA associe une dizaine d’acteurs (instituts techniques, organismes de recherche, Chambres d’agriculture, enseignement technique)…
Les médias sociaux, un outil à disposition des agriculteurs pour faciliter la transition agro-écologique
L’agriculteur engagé dans l’agro-écologie cherche à adapter ses pratiques aux évolutions de son système de production. Cette démarche de transition nécessite de nouvelles connaissances scientifiques, techniques et empiriques, et la maîtrise de nouveaux savoir-faire, à la fois :
– en amont pour conduire la réflexion stratégique et tactique sur son système :
– et au quotidien pour faire des choix opérationnels cohérents avec les objectifs fixés et parfois déstabilisants face à des situations jusqu’alors non rencontrées.
Ainsi, l’agro-écologie challenge le métier d’agriculteur, et bouleverse logiquement la relation entre le producteur et son.ses conseiller.s qui l’accompagnent.
Les médias sociaux facilitent le partage d’expérience et permettent une rapidité et une réactivité dans les échanges intéressants. Ces outils sont donc logiquement de plus en plus utilisés dans la sphère professionnelle, comme ressources pour « se rassurer » ou découvrir de nouvelles pratiques et comme moyens de communication. Mais leur usage dans le cadre de projets agro-écologiques et leur effectivité pour accompagner les changements de pratiques ne sont pas si évidents, ni toujours pertinents.
Pour répondre à ces besoins, les médias sociaux et les technologies web qui les accompagnent constituent donc pour les agriculteurs mais également pour la R&D un atout majeur dans la transition agro-écologique en agriculture à condition d’éviter quelques écueils.
Agor@gri : comprendre et aider au développement les médias sociaux pour la transition agro-écologique
Dans ce contexte, le projet AGOR@GRI vise à fournir des éléments-clés aux utilisateurs mais aussi aux concepteurs de médias sociaux qui souhaitent optimiser leurs atouts, pour promouvoir et mettre en œuvre des systèmes de production agricole agro-écologiques.
En s’appuyant sur la bibliographie et des travaux avec les usagers des médias sociaux (agriculteurs, conseillers, concepteurs) sous différentes formes (enquêtes et entretiens, analyse de cas d’étude, atelier de conception innovante, etc.), les médias sociaux seront étudiés sous trois angles complémentaires :
– les supports techniques c’est-à-dire le média social utilisé et les supports à partir desquels l’utilisateur y accède (ordinateur, smartphone, tablette…) :
– Quels types de supports sont les plus adaptés selon les usages et les besoins ?
– Comment la recherche et la délivrance du conseil peut évoluer en tenant compte des possibilités offertes par les nouvelles technologies (ex : smartphone) ?
– Comment garantir la pérennité et l’actualisation de l’interface ?
– les contenus véhiculés à la fois sur le fond (sujets, types de connaissances…), la forme (vidéo, tweets, …) et la gestion des connaissances co-construites ;
– les contenus véhiculés et statut des connaissances :
– le conseil technique consiste à mettre à disposition d’une agriculture des connaissances sous une forme suffisamment appropriée et appropriable pour qu’elle puisse amener à des décisions d’action. Cela est-il le cas des contenus échangés via les médias sociaux ? Les connaissances diffusées au travers de ces outils sont-elles jugées suffisamment « fiables » par l’agriculteur pour le pousser au changement de pratiques et orienter ses choix ? Comment éviter la propagation d’informations inexploitables, polémiques ou imprécises voire contradictoires ?
– les questions ci-dessus amènent à questionner le statut des personnes qui partagent des connaissances et des expériences via ces outils : Sont-ils considérés comme légitimes ? Par qui ? Selon quels critères ?
– l’organisation des communautés, la gestion des identités en ligne et l’interaction entre groupes virtuels et groupes « dans la vraie vie ».
Quelle place et quels rôles pour le conseiller agricole ? Comment s’articulent l’offre de services de conseil technique agricole classique avec l’offre fournie via les médias sociaux ?
Le déploiement de l’agro-écologie a amené les agriculteurs à s’organiser davantage en collectifs, démarche soutenue par les politiques publiques (GIEE, GO PEI, groupes 30 000 ECOPHYTO…) : comment s’articulent ces collectifs « physiques » avec les communautés structurées autour de médias sociaux, un même agriculteur pouvant appartenir à des collectifs « physiques » et « informels » ?